Malgré leur désuétude palpable, ces édifices se dressent fièrement dans l’horizon. Ils trônent, impassibles, sur un monde qui ne semble plus leur prêter attention. Impénétrables vaisseaux de béton échoués en plein cœur d’une ère moderne aveuglée par la vitesse et hermétique à leur beauté immuable. Ce sont des fantômes. Ils hantent le paysage, tels des spectres légendaires. Apparitions tout droit sorties d’un mythe. Ruines silencieuses. Leurs formes minimales et épurées sont intemporelles. Peu importe leur caractère profane ou sacré. Ils abolissent le temps et nous renvoient à d’anciens mystères. A la trace que l’homme laisse sur la Terre. A ses espoirs et à ses peurs. A ses contradictions. Ils incarnent des secrets impossibles à élucider et résonnent d’insaisissables vérités. Ils nous situent devant une échelle de temps plus vaste en nous laissant imaginer ce que sera l’archéologie de demain. On ne saurait dire s’ils émanent d’un génie humain ou d’une absurde vanité. Ces témoins d’un autre millénaire semblent aujourd’hui appartenir à une dimension parallèle. Libérés de leur fonction, ils n’existent plus que pour eux-mêmes, formant des plis spatio-temporels au creux desquels leur contemplation nous immisce.
–> 10 tirages argentiques 20x30cm